Aparicio, Rubén Calderón, Eduardo Silva et Luis Dzul, participent à une étude qui développe des phénotypes cliniques basés sur les signes vitaux et les biomarqueurs des patients gravement malades afin de faciliter la classification des risques dans les soins préhospitaliers.
Les services médicaux d’urgence (SMU) jouent un rôle crucial dans la gestion des maladies aiguës potentiellement mortelles. Les médecins des SAMU doivent prendre des décisions rapides et précises dans des situations critiques et dynamiques. Cependant, l’identification rapide des patients à haut risque est un défi dans les soins préhospitaliers. C’est pourquoi des stratégies sont mises en œuvre pour améliorer l’identification rapide de ces patients, comme l’utilisation de scores, de biomarqueurs, de tests sanguins, de modélisation du risque, de phénotypage, entre autres.
L’analyse de sang sur le lieu de l’incident est l’une des stratégies les plus efficaces pour détecter les affections à haut risque cachées chez les patients qui ne souffrent pas d’une maladie aiguë mettant manifestement leur vie en danger. Elle permet de détecter des conditions telles que les déséquilibres électrolytiques, les maladies métaboliques et endocriniennes, l’insuffisance respiratoire, l’anémie ou l’insuffisance rénale. Les tests au point d’intervention (POCT) permettent d’obtenir rapidement des résultats d’analyses de sang, de gaz du sang veineux ou artériel, de profil rénal, de glucose, d’hémoglobine, etc. Les POCT ne sont généralement disponibles qu’à l’hôpital, mais ils contribuent désormais à faciliter le processus de prise de décision sur les lieux d’un incident.
En soins intensifs préhospitaliers, les scores d’alerte précoce, les échelles de risque et les modèles prédictifs sont fréquemment utilisés pour détecter les maladies dépendant du temps et leur pronostic à court et à long terme. Par ailleurs, l’utilisation de phénotypes dans les hôpitaux pour identifier des conditions physiopathologiques spécifiques est de plus en plus courante. Le phénotype désigne l’ensemble des caractéristiques morphologiques et physiologiques observables d’une personne, dont l’étude est essentielle pour comprendre les différentes manières dont une maladie peut se manifester. Cependant, les études et recherches sur son utilisation dans les soins préhospitaliers sont très rares.
Dans ce contexte, l’objectif de l’étude était de développer des phénotypes cliniques basés sur les signes vitaux et les biomarqueurs recueillis par les médecins des services médicaux d’urgence pendant les premiers soins d’urgence chez les patients souffrant de maladies aiguës menaçant le pronostic vital. L’analyse s’est basée sur les données de 7909 patients, hommes et femmes, âgés de 51 à 80 ans.
Grâce à l’apprentissage automatique non supervisé, trois phénotypes cliniques distincts, appelés alpha, bêta et gamma, ont été identifiés et associés à différents niveaux de gravité de la maladie. Le phénotype alpha se caractérise par des maladies cardiaques graves et d’autres affections associées à une morbidité et une mortalité élevées à court et à long terme. En outre, les patients atteints de ce phénotype présentent une dépendance marquée à l’égard des interventions de maintien en vie sur place. Les conditions du phénotype bêta étaient très hétérogènes. Les patients se caractérisaient par une amélioration de l’équilibre acido-basique, une augmentation de l’oxygénation du sang, une légère hyperlactacidémie et une légère hyperglycémie. Enfin, le phénotype gamma incluait des maladies a priori moins sévères ou des conditions non spécifiques ; les patients présentaient des résultats dans les fourchettes considérées comme normales.
Le phénotypage, c’est-à-dire la classification des patients en différents groupes sur la base de caractéristiques cliniques et de biomarqueurs, devient de plus en plus courant dans la pratique clinique. Cette méthodologie est déjà utilisée dans des maladies telles que la septicémie, la bronchopneumopathie chronique obstructive et l’insuffisance cardiaque. Toutefois, son application dans le cadre préhospitalier n’en est qu’à ses balbutiements. Il est donc recommandé de poursuivre les recherches, car cette méthodologie a des implications importantes pour le triage d’urgence et les soins critiques préhospitaliers.
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